54% de la population mondiale vit en zone urbaine (1) et ce sera plus de 70% de la population mondiale d’ici 2050. Combinée à la croissance du e-commerce, l’urbanisation entraîne l’augmentation de transports en centre urbain et donc le risque de pollution.
La livraison du dernier kilomètre en ville est la phase la plus critique de la supply chain aussi bien en termes de coût que d’impact environnemental.
Par conséquent, compagnies de transport et autorités municipales cherchent à agir pour réduire le trafic routier urbain.
La livraison de colis est donc un enjeu écologique. Des travaux et des innovations permettent de réduire l’impact carbone des livraisons et de répondre à cette problématique du dernier kilomètre.
Explosion du e-commerce et enjeux environnementaux
L’impact des nouveaux modes de consommation
L’explosion du marché du e-commerce a fait grimper le volume de livraison personnelle (3). Cela contribue à l’atomisation de la livraison de colis puisque les consommateurs privilégient la livraison à leur domicile.
Seulement, l’augmentation du fret urbain accentue les problématiques environnementales et de santé. Parmi celles-ci, on trouve le problème de la congestion routière mais aussi la pollution.
Une étude récente de l’Union Européenne rapporte que 55% des émissions de véhicules sont causées par le transport de marchandises et que 40% de ces marchandises sont livrées dans les centres-villes. Une autre étude, de Russo et Comi, affirme que les véhicules de fret urbain couvrent entre 6 et 18% du transport urbain total causant environ 21% des émissions de CO2.
Le dernier kilomètre de livraison au cœur du débat
53%, c’est la part représentée par le dernier kilomètre dans le coût total d’une livraison. Une part surprenante au regard du parcours total (en temps et en kilomètres) d’un colis.
De la prise de conscience écologique à la recherche d’alternatives logistiques
L’Union Européenne a annoncé de nouvelles régulations et des actions liées aux émissions de CO2 dans le secteur des transports (10). Elle entend diminuer les émissions de CO2 par 40% d’ici 2030. Dans ce contexte, la réinvention du colis n’est pas le seul levier environnemental : la réduction du fret urbain intensif devient une priorité pour les villes.
Celles-ci testent plusieurs solutions depuis la mise en place de process de gestion logistique plus efficaces jusqu’à la réduction de l’utilisation de véhicules polluants. On voit ainsi apparaître le souhait d’aller vers une « logistique plus verte ».
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Les limites de la livraison par véhicule électrique
Parmi les solutions envisagées, on trouve le recours aux véhicules électriques. Ils présentent de nombreux avantages en termes d’émission de CO2, de nuisance sonore et de consommation énergétique (13, 14).
S’ils constituent une alternative intéressante, ils présentent certains désavantages : durée de la batterie, points de recharge, vitesse et capacité du véhicule. Les analyses comparatives de tournées de livraison effectuées avec des véhicules traditionnels ou électriques identifient plusieurs limites et notamment le manque de flexibilité pour les tournées de livraison (16).
Optimiser le dernier kilomètre grâce aux robots ?
L’industrie de la livraison de colis est en recherche constante de nouveaux moyens afin d’optimiser le dernier kilomètre de livraison. Des concepts innovants comme des drones, des véhicules autonomes et les robots sont testés en vue d’une utilisation à grande échelle (27).
Ces dernières années, les robots de livraison ont vu le jour pour le transport de petits colis. Généralement conçus pour une utilisation sur les allées piétonnes, ils sont de petite taille et ne peuvent transporter qu’une faible cargaison.
En effet, le volume de livraison par tournée dépend du nombre de compartiments individuels sécurisés disponibles sur le robot. Ces compartiments peuvent être déverrouillés par le bénéficiaire avec un code individuel, une fois le robot arrivé à destination.
Il faut également noter que ces robots fonctionnent sur batterie. Par conséquent leur champ d’action est limité. C’est pour cela qu’ils sont plutôt adaptés pour transporter une cargaison sur de courtes distances…comme le dernier kilomètre par exemple !
La longueur de l’itinéraire est affectée par le nombre d’obstacles rencontrés par le robot sur sa tournée jusqu’à la porte du client. Dans le cas où il ne trouverait pas de chemin d’accès, un opérateur peut prendre son contrôle et accéder à ses caméras et autres capteurs via le réseau mobile.
En pratique, très peu de robots de livraison existent. Les fournisseurs les plus populaires sont Starship Technologies, Dispatch et Marble.
Ces trois compagnies ont développé plusieurs projets pilotes dans différentes villes. Starship Technologies a ainsi testé la livraison de repas, de produits d’épiceries en ligne ou de médicaments (28). Selon l’entreprise, elle aurait réalisé 1 million de livraison dans différents pays (UK, US, Estonie et Allemagne) en janvier 2021.
Les premières analyses montrent que la perception du public sur la livraison par des véhicules autonomes est majoritairement positive. On prédit ainsi un taux de livraison de colis en ville de plus de 80% par des véhicules autonomes en 2025. Ce qui représenterait un avantage économique de plus de 40% pour les compagnies de livraison de colis (29).
Les robots de livraison, champ de recherche et d’innovation
La livraison pour le dernier kilomètre représente un champ de recherche important.
Depuis janvier 2019, Amazon teste « Scout », un robot de livraison. L’entreprise l’a déployé dans plusieurs villes américaines. Avec la pandémie de Covid-19, il représentait le double avantage de répondre à une demande de livraison accrue tout en évitant les contacts avec le livreur.
Récemment, Amazon et DHL ont commencé à utiliser des drones pour le dernier kilomètre pour les commandes livrées « le jour même » (31). D’une part, l’utilisation de drones pour la livraison permet de réduire le bruit et évite la congestion des zones urbaines et les émissions de CO2. D’autre part, les drones ont une capacité de charge moins importante que les véhicules classiques. Globalement, on estime que leur impact est positif puisque leur utilisation réduit le délai d’exécution et les coûts de transport du processus de livraison (32, 33).
Nous constatons que les questions environnementales et sociales impactent les habitudes de consommation. Ces questions touchent les particuliers mais également fortement les entreprises en matière de responsabilité sociétale des entreprises (RSE). La responsabilité sociétale des entreprises permet désormais de planifier et d’intégrer à ses actions des préoccupations sociales et environnementales.
Pour répondre à ces défis, celles-ci sont encouragées à innover. C’est pourquoi le secteur de la livraison et de la logistique sont des champs d’innovation à explorer.
Références bibliographiques, pour aller plus loin :