12 février 2024

La gouvernance d’entreprise : gouverner pour mieux se développer


Et si l’on vous disait que la gouvernance stratégique s’invite même dans la pop culture ?

Connaissez-vous « Game of Thrones » ? C’est une série qui a fait couler beaucoup d’encre ces dernières années. Inspirée des romans de George R. R. Martin, cette série conte l’histoire fantastico-médiévale de la succession au trône de fer après la mort subite du roi Robert Barathéon.  À sa mort et sans système de gouvernance prédéfini, chaque maison va prétendre, légitimement ou pas, au pouvoir suprême.

Finalement, toute l’histoire est un acheminement vers une structure de gouvernance soutenable.

Les turpitudes que vont rencontrer les protagonistes afin d’accéder au trône et les stratégies mises en place nous rappellent pourquoi la gouvernance est un outil indispensable à la réussite d’une organisation.

La gouvernance d’entreprise ou gouvernance stratégique, est le plus souvent perçue au travers d’une vision à dominance actionnariale qui l’envisage comme un moyen pour les actionnaires de contraindre et de surveiller les actions des dirigeants. La gouvernance se limiterait donc à une relation d’agence entre deux acteurs principaux, les actionnaires et les dirigeants.

Cette perception erronée vient entretenir les croyances selon lesquelles la gouvernance serait réservée uniquement aux grandes entreprises.

Et bien non ! La gouvernance offre un champ de possibilités stratégiques et des perspectives pour le développement de toutes les entreprises ; c’est un levier d’action décisif en termes de performance durable (source : BPI).

Envie d’en apprendre davantage sur les bénéfices de la gouvernance stratégique et l’impact que cela peut avoir sur votre organisation ? Vous êtes au bon endroit !

Y a-t-il un maître à bord ? Qu’est-ce que la gouvernance d’entreprise?

 

Définition de la gouvernance des organisations

 

Gouverner, c’est avant tout tenir un gouvernail. Le mot est à l’origine maritime. L’expérience montre en effet que certaines décisions orientent le navire de manière déterminante. Aussi doit-il être gouverné au sens où sa trajectoire, et donc sa survie, dépendent de ceux qui tiennent le gouvernail et déterminent, par leurs choix, tant le travail des marins que le destin des passagers et des cargaisons.

 

« Gouverner, c’est anticiper, organiser et gérer l’entreprise en délimitant l’étendue du pouvoir et des responsabilités de ceux qui sont chargés d’orienter durablement l’entreprise. »
Pierre-Yves Gomez, économiste

 

La norme ISO 26000 définit la gouvernance comme un système par lequel une organisation prend des décisions et les applique en vue d’atteindre ses objectifs. Elle s’apparente également à deux principes fondamentaux qui sont le respect des règles et droits et la création de valeur.

En somme, gouverner, c’est définir dans le détail et formaliser les processus, les règlements, les rôles et responsabilités, la politique et les fonctions afin de garantir la création de valeur durable.

 

Spirale vertueuse gouvernance entreprise

 

Fonctions et pouvoirs au cœur de la gouvernance stratégique

 

La gouvernance est généralement représentée par un conseil d’administration constitué d’actionnaires, d’administrateurs et des dirigeants et/ou associés.

La première fonction de la gouvernance, est d’organiser la répartition du pouvoir entre ces différents acteurs : qui décide de quoi ? qui fait quoi ? et comment s’exerce le pouvoir dans la prise de décision.

Tous ces acteurs ont une mission commune, l’atteinte des objectifs de l’entreprise. Ce pouvoir engendre des droits pour leurs détenteurs mais est également régi par un ensemble de règlements.  Qu’est-ce que cela veut dire concrètement ?

  1. Tout d’abord, les actionnaires ont un droit légitime de prises de décision. Ils définissent l’orientation de l’entreprise et prennent les décisions tactiques/économiques adaptées afin de garantir la création de valeur. On parle de pouvoir souverain.
  2. Ensuite, les administrateurs (souvent indépendants) s’assurent que les intérêts individuels, notamment des dirigeants, sont compatibles avec l’intérêt général de l’entreprise, sa pérennité et sa performance durable. Ils sont souvent mobilisés pour contrebalancer le pouvoir des actionnaires et des investisseurs. Leur pouvoir est donc lié au contrôle interne, on l’appelle pouvoir de surveillance.
  3. Enfin, les dirigeants sont généralement considérés comme des exécutants des pouvoirs conférés lorsqu’il y a des actionnaires ou investisseurs. Mais leur rôle va bien au-delà de cela. Le dirigeant personnalise la gouvernance de l’entreprise. Il porte l’image de l’entreprise et devient garant du bon fonctionnement de l’entreprise. Il définit la stratégie et organise les ressources pour la mise en œuvre des décisions. En se conformant aux attentes des autres parties prenantes, les dirigeants obtiennent le droit du fruit ou de l’usufruit. C’est le pouvoir exécutif.

 

Chez les PME, on retrouve une structure légèrement différente en fonction des propriétaires. De manière courante, la gouvernance est portée par une petite unité organisationnelle dont la tête est le chef d’entreprise, jouissant d’une certaine autonomie de décision.

La définition des rôles et des responsabilités est d’autant plus importante pour dissocier les différents acteurs et entités de pouvoir au sein de l’entreprise.

Les entreprises de taille moins importante peuvent s’appuyer sur des parties prenantes externes telles que des administrateurs indépendants (experts du domaine) ou des structures d’accompagnement (accélérateurs, incubateurs, pépinières, cabinets de conseil).

En tant que dirigeant, il est capital de bien choisir les membres de son conseil d’administration et de formaliser les modalités de la gouvernance. Ainsi, on peut rendre clairs et visibles les rapports de pouvoir entre les différentes parties prenantes ; notamment sur la prise de décision. L’objectif n’est pas de brider mais de situer le pouvoir et les responsabilités.

 

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Gouverner c’est décider

 

Igor Ansoff, le fondateur du management stratégique, distingue trois grands types de décisions dans la direction d’une organisation :

  • Les décisions stratégiques pour définir et formaliser. Elles sont prises par la direction générale de l’entreprise. Elles sont envisagées sur le long terme (ex. processus de fusion, vision stratégique, lancement d’un nouveau produit).
  • Les décisions tactiques ou économiques pour gérer les ressources. Prises par les comités de pilotage, de direction et les directeurs, ces décisions ont une implication à moyen terme (ex. lancement d’une campagne marketing, recrutement d’un cadre dirigeant).
  • Les décisions opérationnelles pour organiser les tâches et le fonctionnement. Avec un risque mineur, ces décisions sont prises par l’opérationnel avec une vision à court terme (achat de fourniture, organisation du travail en équipe).

 

Pyramide décisions Igor Ansoff

 

Quels sont les impacts de la gouvernance sur les organisations ?

 

La gouvernance s’oriente avec et autour de la chaîne de prise de décision.

Elle se caractérise par toutes les décisions prises depuis le projet de création d’entreprise avec 4 objectifs précis :

  1. Maintenir un intérêt commun entre les parties prenantes ou l’alignement stratégique
  2. Gagner en légitimité et améliorer la confiance envers le dirigeant
  3. Créer de la valeur de manière durable
  4. Maîtriser les risques et gérer les crises
4 objectifs gouvernance

1. Maintenir un intérêt commun entre les parties prenantes ou l’alignement stratégique.

 

Les parties prenantes jouent un rôle clé dans la gouvernance stratégique. Elles sont définies comme « l’ensemble des agents détenant une créance légitime sur l’entreprise, liée à l’existence d’une relation d’échange » (Lexique de gestion et de management, DENIS Jean-Philippe, MARTINET Alain-Charles, 2016),

Tous les acteurs de la gouvernance ont des intérêts privés différents (financier, politique ou social), qu’ils cherchent à maximiser de manière opportuniste, éventuellement les uns contre les autres.

L’enjeu principal de la mobilisation des parties prenantes est d’assurer l’alignement des intérêts individuels avec les intérêts de l’organisation. Pour ce faire, l’entrepreneur ou le dirigeant d’entreprise choisit les parties prenantes clés à mobiliser sur le moment, donne l’ordre de priorité et module sa gouvernance en fonction des objectifs, phases, situations, etc.

La gouvernance permet de développer une agilité stratégique. Par exemple, pendant la crise sanitaire de covid-19, les dirigeants ont choisi de se recentrer sur la partie prenante « en tension » et d’adapter leur gouvernance en fonction.

 

Parties prenantes entreprise

 

2. Gagner en légitimité et améliorer la confiance envers le dirigeant

 

Mobiliser les parties prenantes clés, c’est aussi gagner en légitimité et améliorer la confiance envers le dirigeant, comme nous le rappelle si bien la mésaventure de Sam Altman.

Pour rappel, le fondateur et CEO de Open AI s’est retrouvé démis (brièvement) de ses fonctions par le conseil d’administration qui a évoqué une perte de confiance (lire toute l’affaire Altman ici).

En effet, la gouvernance établit la confiance des parties prenantes à l’égard de ceux qui gouvernent l’entreprise. Cette confiance naît de la conformité aux attentes des parties prenantes et de la structuration claire de la gouvernance : une définition claire des fondamentaux de l’entreprise, des objectifs stratégiques, des pouvoirs, des rôles et des responsabilités de chaque membre.

Sur un volet plus opérationnel, intégrer les parties prenantes clés dans la prise de décision permet de faciliter l’appropriation et la mise en place des différentes décisions.

 

3. Créer de la valeur de manière durable

 

La gouvernance est le socle sur lequel repose la performance durable et la création de valeur ajoutée.

Elle vise à organiser les prises de décision de l’entreprise pour optimiser la performance des processus organisationnels, en les analysant, en les challengeant et en les révisant grâce aux feedbacks des principaux utilisateurs.

Les enjeux de durabilité sont aujourd’hui incontournables pour toutes les entreprises qui sont confrontées à des risques mais également des opportunités d’un monde changeant.

Savoir bien gouverner est aussi important pour la continuité de l’entreprise que de la gérer efficacement. C’est la raison pour laquelle, la gouvernance ne doit pas être figée dans le temps. Elle doit être réévaluée et adaptée aux différents stades d’évolution de l’entreprise.

 

Cycles évolution gouvernance stratégique

 

4. Maitriser les risques et gérer les crises

 

La gouvernance est un outil d’aide indispensable au développement des entreprises car elle permet d’organiser les prises de décision de l’entreprise tout en diminuant les risques.

Face à la multiplication des situations de crises, les décideurs d’entreprises doivent s’adapter en permanence aux changements. La gouvernance stratégique intervient alors comme un système de défense qui permet à l’entreprise de résister à ces changements brusques.

Dans cette situation, le rôle des gouvernants est d’assurer un fonctionnement fluide et de maintenir un modèle d’organisation capable d’assurer la continuité des activités.

Il apporte une solution à la vulnérabilité de l’entreprise pendant les situations de crise en favorisant la préparation, la protection et la cohésion des parties prenantes.

 

L’importance d’une gouvernance d’entreprise solide

 

La gouvernance ne se résume pas au management et au cadrage des actions du dirigeant. Elle englobe la définition des rôles, la prise de décision, la gestion des risques et bien plus encore.

Une bonne gouvernance, c’est le respect des règles et droits de chacune des parties prenantes : on sait qui décide de quoi, qui fait quoi et comment la valeur est générée.

Pour cela, la gouvernance doit rester agile :  elle se révise en fonction du développement de l’entreprise et de son degré maturité.

Par ailleurs, en intégrant les principaux concernés, la gouvernance permet de réduire la solitude du dirigeant et « challenger » la prise de décision ; notamment celle qui peut avoir des conséquences lourdes pour le devenir de l’entreprise.

 

 

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Auteur(s)
Bénédicte Affo
Bénédicte Affo
Consultante en stratégie de l'innovation
Amélie Thézard - assistante communication et marketing
Amélie Thézard
Assistante en communication et marketing

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